Attribué à Jacques du Brœucq (1505–1584)
n°186
Attribué à Jacques du Brœucq (1505–1584), vers 1540–1550 – Plaque en albâtre sculpté en fort relief représentant le Christ rédempteur accompagné de deux anges portant l’ n le calice et l’ utre la colonne de la flagellation. H. : 55,5 cm L. : 40 cm (cassée, recollée, restaurations postérieures) – Provenance : Possiblement le jubé de la collégiale Sainte-Waudru de Mons. Que de grâce dans ce haut-relief en albâtre qui coupe le souffle dès les premiers regards ! Le maniérisme est déployé avec un talent incontestable. Et le rapprochement avec l’ uvre de Jacques du Brœucq est immédiat. Ce grand sculpteur des Pays-Bas méridionaux effectue un voyage en Italie entre 1530 et 1535. Il y fréquente l’ cadémie de Florence et aussi celle de Rome. Il s’ pproche de l’ uvre des grands sculpteurs italiens maniéristes et particulièrement de Michel-Ange.
Du Brœucq rentre à Mons vers 1535, date à laquelle commencent les travaux du jubé de la collégiale. Il s’ ssocie à la réalisation de ce monument de 1541 à 1548, créant pour lui plusieurs statues et vingt-six reliefs en albâtre, dont trois tondi, sculptés entre 1545 et 1547. Détruit en 1797, ce jubé est la grande œuvre de du Brœucq, à travers laquelle celui-ci affirme son style et sa très grande maîtrise de la matière. Le ciseau de du Brœucq est bien reconnaissable sur notre le relief. Rappel de la formation italienne du sculpteur, ce Christ rédempteur n’ st pas sans évoquer le Christ portant sa croix réalisé en 1525 par Michel-Ange, conservé à l’ glise de la Minerve de Rome. La morphologie si étonnamment sensuelle et puissante de la figure du Christ est comparable à celle d’ utres reliefs du jubé de Mons, ceux de l’ cce Homo ou de Pilate se lavant les mains par exemple : les mèches de la barbe se terminant par une boucle, le torse vigoureux au plexus légèrement saillant et aux pectoraux terminés en pointe, l’ bdomen fortement dessiné et ombré, le diaphragme contracté, les bras et les jambes aux muscles longs et fins, le périzonium fluide et souple, à l’ toffe presque humide. Du Brœucq excelle ici, une fois de plus, à exprimer la virilité à la fois énergique et sensible d’ n Christ qui s’ st fait homme et est bien figuré comme tel. En comparant le style de notre relief aux réalisations connues de du Brœucq pour le jubé de Mons, nous pouvons émettre l’ ypothèse qu’ l a été sculpté pour en faire partie. Finement étudié par Robert Didier, le jubé présente, dans un cloisonnement fortement architecturé, un programme théologique lié aux idéaux du courant maniériste avec notamment, sur la face visible du chœur des chanoinesses de la collégiale, un cycle dédié à la Rédemption. Les reliefs d’ lbâtre aujourd’ ui conservés représentent, au centre de l’ nsemble, la Résurrection, avec de part et d’ utre des épisodes tirés de la fin des Evangiles (l’ scension) ou des Actes des apôtres (la Pentecôte, l’ lection de Matthias, la Mort d’ nanie et de Saphire). Tous ces reliefs sont documentés par les archives de la Fabrique de la Collégiale, bien étudiées par Didier. Celles-ci indiquent en outre que le 12 novembre 1548 du Brœucq signe une quittance pour livraison d’ n relief en albâtre, de dimensions modestes, pour la prédelle du retable de l’ utel couronnant le jubé. Il s’ git de « l’ utel du Crucifix », surmonté d’ n grand calvaire. L’ xistence d’ n autel au-dessus du jubé est avérée par d’ utres éléments d’ rchives. Suivant une logique iconographique, il n’ st pas impossible de tenter de rapprocher notre relief de la mention documentée de cette prédelle. Le thème du Christ rédempteur présentant sa croix, accompagné ici d’ n ange portant la colonne de la flagellation et d’ n autre tenant un calice, est en effet parfaitement en adéquation avec le rituel chrétien, en particulier celui de la Consécration de l’ ucharistie. A ce moment précis de la messe, le célébrant, tenant lui-même dans ses mains un calice, offre le corps du Christ et le rend présent, comme le relief rend ce corps plastiquement présent aux yeux du célébrant. Par son style, notre relief doit sans conteste être attribué à du Brœucq. Par son iconographie, nous pouvons imaginer qu’ l fut réalisé pour le retable de la collégiale de Mons, sans exclure qu’ l ait appartenu à une autre composition, qui resterait alors à identifier. Quel que fut le contexte de sa commande, son matériau raffiné, la qualité de sa réalisation et sa vigueur plastique en font une œuvre particulièrement remarquable. Ouvrage consulté : Didier (Robert), Jacques DU BROEUCQ, sculpteur et maître-artiste de l’ mpereur, 1500/1510–1584, Ars Libris, 2000
estimations : 20 000,00 € - 30 000,00 €
Adjugé : 135 000,00 €